Cloud
City était une immense ville peuplée de dizaines de gratte-ciels
surplombant ses rues rectilignes, et qui, chaque jour, trépidait
d'animation. Elle abritait une importante population qui faisait
vivre cette géante cité, brillant le jour comme la nuit. Malgré
l'agitation quotidienne, Cloud City avait la particularité d'être
un endroit extrêmement agréable. Les habitants ne paraissaient pas
dérangés par le grondements des voitures qui défilaient sans cesse
sur les routes, où par le brouhaha qui s'élevait des foules.
C'était vraiment un endroit où il faisait bon vivre.
Mais ce n'était pas cela qui
rendait Cloud City si spéciale. En effet, la ville ne portait pas
son nom pour rien ; elle était bordée de nuages. Elle
s'élevait dans le ciel, et personne n'avait idée de ce qui se
trouvait sous la masse nuageuse. Étrangement, personne n'avait
jamais cherché à le savoir. Et pourtant, aucune ressources ne
venait jamais à manquer.
Tout
cela paraissait parfaitement normal pour chacun des habitants de
Cloud City.
Quant à moi, je suis l'un de
ces habitants.
Je m'appelle Edward, et,
depuis aussi longtemps que je puisse me souvenir, j'ai toujours vécu
ici avec mes parents. J'ai toujours eu l'impression de connaître ce
lieu comme ma poche, il m'est si familier. J'ai même la certitude de
savoir l'existence de recoins que je n'ai jamais explorés. Je ne
m'imagine pas quitter cet endroit, la vie à Cloud City est tellement
agréable. Et puis, où aller ? Il n'y a rien d'autre que des
nuages au-delà des frontières de la ville.
Cette
nuit, j'étais penché sur le rebord de la fenêtre et j'observais
silencieusement les voitures qui défilaient dans la rue d'en bas. Ce
spectacle pourtant banal me captivait. Chaque soir je penchais ma
tête par la fenêtre de ma chambre et j'écoutais, je regardais,
sans jamais m'en lasser. J'y passais des heures entières même, car
je ne dormais pas. Non, je n'étais pas comme la plupart des
adolescents de mon âge. Moi je ne fermais pas l’œil de la nuit,
je ne dormais jamais. Cela n'inquiétait pas mes parents, ils
savaient bien que je pouvais enchaîner les nuits blanches sans la
moindre trace de fatigue. J'aimais la nuit.
Une
de mes autres occupations à la tombée du jour était d'observer les
nuages qui se mouvaient majestueusement autour de la ville. Comme
tout le monde ici, je ne me souciais pas de savoir ce qu'il pouvait
bien y avoir au delà de ces immenses volutes blancs. Les regarder se
déplacer me suffisait. Ainsi, je pouvais guetter patiemment les
premières lumières de l'aurore et me préparer à entamer la
journée.
Je
descendis les escaliers vers la cuisine, on entendait la radio
allumée d'ici. Ma mère, qui se trouvait déjà là, préparait du
café. Sans se retourner, elle devina ma présence :
« Bonjour
Edward.
-Bonjour Maman. »
Ma
mère était une personne très douce et sensible. Elle ne s'énervait
jamais, et faisait preuve d'un tempérament calme et posé. Je ne
pouvais jamais rien lui cacher, car elle devinait toujours quand
quelque chose n'allait pas.
Avant
de m'être assis à table, je remarquai l'absence de mon père :
« Où
est Papa ?
-Il avait une réunion tôt ce
matin, il a dût partir plus tôt. »
Mon
père lui était un personnage plus nerveux que ma mère, plus
stressé, sans doute par son travail. Il rentrait assez souvent tard
partait régulièrement en voyage d'affaire. Ils formaient un sacré
duo, avec ma mère, tous deux étaient opposés dans leurs caractères
respectifs. Cependant, mon père pouvait lui aussi être très calme
et apaisé, pendant ses jours de congé, ou les vacances par exemple.
Mon
caractère à moi était plus proche de celui de ma mère : je
ne m'inquiétais que de peu de choses, et j'étais de nature distrait
et pensif. J'aimais me perdre dans des rêveries infinies et
d'interminables pensées. Et tout en disant cela, j'étais en train
de sombrer dans les profondeurs de mon esprit devant mon petit
déjeuner.
Un
détail capta soudain mon attention : la radio se mit à
diffuser un morceau qui m'interpella. C'était une ballade au piano,
apaisante et envoûtante. Elle m'évoquait beaucoup de sentiments, de
la nostalgie, de la mélancolie, des regrets. Cette chanson me disait
vaguement quelque chose, je l'avais certainement entendue quelque
part... Mais où ? Je demandai à ma mère :
« Maman,
tu ne connais pas cette musique par hasard ?
-Mmm, non, elle ne me dit rien.
Mais en tout cas, elle est vraiment très jolie... Pourquoi tu me
demandes ça ?
-Oh, pour rien. Je voulais juste
savoir. »
J'en
concluais que cette mélodie devait certainement ressembler à une
que j'avais déjà entendue. Quelques minutes plus tard, elle céda
la place à une autre chanson sur la radio.
Je
finis mon déjeuner, puis j'allai chercher mes affaires pour partir
au lycée. Je saisis mon sac, et adressai un dernier mot à ma mère :
« A
ce soir Maman.
-Bonne
journée, Edward. »
Puis,
sans un bruit, je quittai la maison en refermant la porte derrière
moi.
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