jeudi 10 juillet 2014

Chapitre 2 - Cauchemar éveillé



La nuit qui suivit, je ne me penchais pas à la fenêtre pour regarder les voitures de la rue d'en bas, ou bien les nuages autour de la ville. J'étais étendu sur mon lit, tandis que de nombreux questionnements sur les événements de la journée se multipliaient dans ma tête. Qui était cette Élise ? Pourquoi avais je déjà l'impression de la connaître ? Et pourquoi m'inspirait-elle tant de mal être quand je me trouvais en sa présence ? Le plus frustrant dans tout cela, c'est que plus j'essayais de résoudre ces questions, plus la réponse s'éloignait. Et moi qui ne dormais pas, je n'avais pas d'autre chose à faire que penser, je me retrouvais donc coincé avec tous ces mystères. Même quand j'essayais de me concentrer sur le bruit de la circulation dehors, le visage d'Élise me revenait sans cesse, ainsi que si mystérieux mots qu'elle avait prononcer, « Tu connais déjà la réponse... »
Il était impossible que je puisse voir de quoi elle parlait, puisque je ne l'avais jamais connue auparavant... Ce n'était pas une vague sensation de déjà vu qui pourrait prouver le contraire...
Au fil des minutes, mon mal aise vis à vis d'Élise s'estompa pour devenir une forme de curiosité, d'intrigue. Je désirais vraiment faire la lumière sur tous les mystères qui l'entouraient. Une solution s'imposa alors naturellement à mon esprit : demain, j'irai directement lui parler, afin qu'elle m'éclaire sur ses paroles. J'entendis soudain le bruit de la porte de ma chambre s'ouvrir.
« Edward, tu vas bien ? »
Ma mère venait d'entrer dans la pièce. Elle vint s'asseoir à côté de moi.
« Qu'est ce que tu fais là ? Lui demandai-je.
- Oh... je n'entendais pas de bruits venant de dehors, j'ai donc deviné que ta fenêtre n'était pas ouverte, ce qui est rare venant de toi... Est-ce que ça va ?... 
- Euh, oui, ne t'inquiète pas. J'ai fermé la fenêtre parce qu'il faisait froid...
- Ah... D'accord... » Répondit-elle ,visiblement pas convaincue par mes explications. Malgré ma réponse, elle ne bougea pas. Elle avait le regard dans le vide, toute lueur de vie semblait avoir quitté ses yeux.
« Maman ? »
Une larme coula alors sur sa joue.
« Je t'en supplie Edward.... Reviens parmi nous... Tu ne peux pas nous laisser, Papa et moi... Reviens... S'il te plaît... »
Effrayé par ce qu'elle venait de dire, je tentai tant bien que mal de la rassurer :
« Maman... Tout va bien, je suis là, devant toi ! Il n'y a pas de raison de se mettre dans ces états là !... »
Elle me jeta un regard empli de chagrin, avant de se lever et de quitter ma chambre.
« Bonne nuit, Edward. »
J'étais complètement effaré par sa réaction, mais l'autre mystère concernant les paroles d'Élise me fit rapidement oublier cet événement étrange.

Le lendemain matin, aux premiers rayons du soleil, je sautais dans mes affaires. Décidé à percer les secrets d'Élise, je filai au lycée sans dire un mot à mes parents. J'empruntai le même chemin que d'habitude, au milieu de la foule et du grondement des voitures. Aujourd'hui j'étais en avance, il faut dire que j'étais pressé d'interroger ma nouvelle voisine.
J'arrivai devant l'établissement quelques minutes plus tôt, et je me postai à l'entrée du hall pour guetter l'arrivée de la jeune fille aux cheveux mauves. Peu à peu, des masses de lycéens commencèrent à affluer, mais pas l'ombre de la présence d'Élise. Elle allait forcément arriver d'un moment à l'autre, je décidai donc de continuer à attendre un peu après la sonnerie.
Malheureusement, mes efforts furent vains. Elle ne daignait apparemment pas se montrer. Déçu, je regagnai la salle de cours de Monsieur Jil, emportant avec moi toutes ces interrogations sans réponses.
Je longeais seul les couloirs d'hôpital du bâtiment, sans me dépécher – même si j'avais déjà quelques minutes de retard, ma déception me rendait indifférent à la question d'être à l'heure ou pas.

Peu de temps après, j'arrivai devant la porte de la salle de classe. Je m’arrêtai brièvement. Peut être qu'Élise serait là, dans la salle, que je ne l'aurai simplement pas aperçue à l'entrée. Mais bon, je n'avais pas trop d'espoirs quand même. Je tournai alors la poignée de cette porte et l'ouvrit :
« Quoi !???? »
Je fus stupéfié par ce que je vis. Élise était absente, mais ce n'était pas la seule. La salle de cours était vide. Pas une personne. Juste moi, planté à l'entrée.
« C'est... c'est impossible... »
Dans un élan de panique, je retournai dans le couloir et ouvrai une autre salle de classe : il n'y avait personne non plus.
« C'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible !!!!! »
J'ouvrais d'autres portes, mais pas l'ombre d'une personne.
Des classes vides, des classes vides, des classes vides, que des classes vides ! J'étais terrorisé par la situation, et complètement désorienté. Je commençais à avoir le tournis, je ressentais des vertiges. Ce satané couloir blanc d'hôpital semblait s'allonger devant mes yeux, comme si il n'avait pas de fin. Je m'enfuyais de cet endroit en courant, en hurlant sans doute. Je voulais juste trouver la sortie, la sortie.
Et pourtant j'avais l'impression que le lycée c'était transformé en un immense labyrinthe, dans lequel j'étais pris au piège, comme un rat de laboratoire. Je commençais à fatiguer, perdu dans se dédale géant. Et puis, en regardant par le fenêtre, je remarquai que le soleil se couchait. Non... c'est impossible !!! Je suis arrivé il y a moins d'une heure, il ne peut pas s'être écouler une journée entière !!! Je continuai alors de courir de plus belle, à la recherche d'une échappatoire.
Enfin, j'arrivai dans un couloir au bout duquel se trouvait la porte qui conduisait au hall du bâtiment. J'allais pouvoir quitter ce maudit lieu ! Je me précipitai sur cette porte, et tentai de l'ouvrir – en vain. Bon sang ! Ouvre-toi, fichu porte ! Fais moi sortir de ce cauchemar !!!
« Elle ne s'ouvrira pas. »

Cette voix glaciale venait de transpercer tout mon être. Un frisson parcoura mon corps, tandis que les poils de mon échine se hérissaient. Je tremblais de peur, car je connaissais cette voix. Je me retournai, lentement, redoutant ce que j'allais voir.
Au bout du couloir, loin devant moi, elle était là. Elle se tenait debout, et me fixait avec des yeux noirs pleins de haine.

Élise.

« Sors... Moi... DE TA TÊTE !!!!!! »
Elle entra dans une fureur terrifiante, et je restais là, à la regarder, paralysé par la peur.
« JE TE L'AI DÉJÀ DIT !!!!! MA VIE EST PLUS SAINE SANS TOI !!!! JE VEUX QUE TU SORTES DE MA VIE !!!! »
Elle s'enfuit alors en courant dans le lycée. Moi, j'étais tétanisé, je ne demandais qu'une seule chose : quitter cet enfer. Je remarquai que la porte à l'instant fermée était à présent ouverte. Parfait ! J'allais pouvoir sortir d'ici... Seulement... M'enfuir reviendrai à laisser partir Élise une fois de plus... Alors que je pourrais en essayant de la retrouver résoudre ses mystères...
Je ne sais pas ce qu'il me prit à ce moment là, j'étais pourtant terrassé d'angoisse, mais je voulais la rattraper – même si j'anticipais les conséquences de cet acte.
« Élise !!!! Attends !!! »
Je la cherchais dans les couloirs mais je ne la voyais nulle part. Même si elle s'était volatilisée, je continuai de la chercher désespérément . Il fallait que je la trouve, il fallait que je sache pourquoi elle me disait toutes ces choses, il fallait que je sache...
Mes recherches furent vaines, jusqu'à ce que j'arrive devant la bibliothèque. La porte était entre-ouverte, Élise avait du passer par ici. Je m'en approchais lentement, mais cependant, le frisson sous l'emprise duquel j'étais devant la porte du hall me reprit d'assaut. A chaque pas vers cette porte, je me sentais de plus en plus oppressé. Pourtant, je continuais d'avancer, même si la bibliothèque ne m'inspirait rien de bon. Ahhh... Bon sang.... Il fallait être fou pour continuer de se rapprocher d'une porte dégageant une aura si maléfique, si malfaisante.... Mais je ne pouvais pas laisser partir Élise.... Je la sentais.... Elle était là... Juste derrière.... JE DEVAIS SAVOIR !!!
J'ouvrai brusquement la porte.

« Oh non..... Ce n'est pas possible.... »

Devant moi s'ouvrait un gouffre immense, l'obscurité totale. Derrière cette porte, il n'y avait rien. Rien d'autre que du néant. Je contemplais avec horreur cette scène qui s'ouvrait à mes yeux, quand j'entendis une voix me murmurer à l'oreille :
« Désolée de t'aimer. »
Une main me poussa dans le dos et je fus précipité dans ces abysses dévorantes. J'étais en train de tomber dans ces obscures, profonds et abominables ténèbres. En train de tomber dans un vide infini . Tomber, tomber, tomber.


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