mardi 1 juillet 2014

Le goût du néant




Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,


L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,

Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.




Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute.




Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,

L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute ;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte !
Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur !




Le Printemps adorable a perdu son odeur !




Et le Temps m'engloutit minute par minute,

Comme la neige immense un corps pris de roideur ;
Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.

Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute ?


Le dessin ci-dessus correspond à la représentation que je me fais de ce poème  de Charles Baudelaire que j'affectionne tout particulièrement...

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